Bref, revenons-en à nos moutons.
A peine la barrière franchie, mon mari me proposa d’adapter notre tenue aux coutumes locales et nous nous retrouvâmes rapidement en tenues d’Adam et Eve. Nous avions déjà fréquenté des plages naturistes avant d’atterrir ici, cela ne nous posa donc aucun problème.
Je me rappelle notre toute première sortie sur une plage naturiste : c’était en Corse. Nous étions invités par des amis dans leur bungalow à deux pas de la mer. Il m’avait fallu un long moment de réflexion et d’hésitation avant de sortir nue sur le sable. C’était il y a longtemps. De mémoire, j’avais surtout peur du jugement des autres. Finalement, je n’ai senti que des regards bienveillants, bien plus que sur une plage textile, et surtout un grand sentiment de liberté auquel je suis rapidement devenue accro. Aujourd’hui, je suis naturiste pour être libre, et non pour m’exhiber. C’est fou comme toutes ces questions, ces peurs et ces doutes peuvent nous polluer l’esprit et, une fois le pas franchi, s’évaporent.
Pour notre première fois dans cet extraordinaire village, nous y avons donc retrouvé Leo dans l’après-midi, que nous avions rencontré pour la première fois, quelques mois seulement auparavant.
Par chance, il était le meilleur guide dont on pouvait rêver. Ayant travaillé en tant que serveur dans le plus grand club du village (le Glamour) par le passé, il était connu comme le loup blanc, et ne pouvait pas faire 10 mètres sans saluer une connaissance.
Il avait ses entrées partout et il nous fit découvrir le village sous toutes ses coutures. Nous avions alors autant accès aux parties « publiques », c’est-à-dire les bars et les clubs, qu’aux soirées privées. C’est simple : il était invité partout. Son physique avantageux de coach sportif (c’est son métier) et son rire communicatif (son côté antillais) lui ouvraient toutes les portes. Toutes les femmes, et les hommes qui préfèrent les hommes, le regardaient comme une gourmandise. Autant dire qu’il était très sollicité.
Pour notre première sortie avec notre guide, Leo m’indiqua qu’il fallait d’abord adapter ma garde-robe aux lieux. En effet, bien que le village soit naturiste, le soir venu, les corps se parent de jolies tenues plus sexy les unes que les autres et nous avons la chance de nous contempler un défilé de lingerie chaque soir.
Nous fîmes donc un premier arrêt dans une boutique de vêtements, à l’époque « Libertin Libertines » (qui a laissé sa place à un bar restaurant depuis) à l’entrée de Port Ambonne (cf billet précédent : https://www.missluxiyang.com/fr/blog/ma-premiere-fois-au-cap-d-agde-episode-2-le-village).
Connaissant bien la patronne et la collection en cours, notre ami me sélectionna rapidement quelques pièces. L’avantage de ce village est que pour les essayages : pas besoin de cabine, on peut se déshabiller directement dans le rayon, parfois dans un coin pour rester discret.
La première robe qu’il avait choisie était noire et alternait des bandes transparentes et opaques. La coupe était près du corps et malgré ma petite poitrine, elle mettait ma silhouette bien en valeur. J’ai adoré cette robe. Je l’ai portée si souvent qu’elle en est malheureusement abîmée.
La deuxième robe, noire également, était très classe, avait un large décolleté joliment drapé et un dos nu. Le tout était maintenu par une mini-jupe très serrée.
Mes deux hommes acquiescèrent et la bosse qui se formait dans leur slip confirmait leur approbation. Je décidai que je porterais la première robe pour inaugurer notre première sortie dans cet endroit si particulier.
Je sortis donc ainsi vêtue, un peu mal à l’aise je dois l’avouer. A l’époque, j’étais déjà naturiste mais me promener dans une tenue aussi sexy en public était différent, et je suis d’un naturel plutôt timide et réservé.
Les regards se posèrent assez vite sur moi, et j’en fus donc assez gênée et embarrassée. A mesure que l’on arpentait le village, je ne sentais pas de regards lubriques, mais plutôt bienveillants et gourmands. Je me détendis donc peu à peu, et commençais à me sentir plus à mon aise.
Leo nous fit un petit tour du village : Port Ambonne, ses restaurants, bars, petits commerces, Port Nature, le Melrose, l’Eros, les boutiques… (voir la description du village ici : https://www.miss-luxi.com/fr/blog/ma-premiere-fois-au-cap-d-agde-episode-2-le-village). C’était la fin de l’après-midi et les estivants revenaient tranquillement de la plage, rejoignant leurs appartements, afin de s’apprêter pour la soirée.
Notre guide lui-même devait également rentrer se faire beau pour la soirée. Il séjournait à Port Soleil en colocation avec des amis.
En l’attendant, mon mari me proposa de nous poser dans un bar-restaurant. Nous commandâmes à boire et à grignoter en terrasse et profitions du défilé sur le port.
L’ambiance était tellement différente de la journée. On sentait désormais de la tension sexuelle partout. Tout le monde avait soigné sa toilette pour sortir, on ne pouvait plus deviner qu’on était dans un village naturiste. Les hommes étaient pour la plupart habillés normalement, comme à l’extérieur du village, et les femmes étaient toutes plus sexy les unes que les autres, épanouies et bien dans leur peau. C’était un plaisir pour les yeux.
J’osais une remarque à mon mari : « c’est curieux que les hommes soient habillés en civil alors que les femmes font un effort pour être sexy ». A peine avais-je terminé ma phrase que quelques hommes qui avaient fait un effort justement passèrent devant nous. Ok bon, j’ai compris. Pas de jugement, mais visiblement ces efforts sont surtout réalisés par les gays ou les trans.
Envie de pipi. Je me lève et vais aux toilettes. Je sens des regards. Deux cabines séparées mais un lavabo commun. Lorsque j’en sors, un homme se tient dans le sas du lavabo. Je prends peur lorsque je me lave les mains. Des pensées traversent mon esprit à toute vitesse. Si je me fais violer là, dans cette tenue, c’est que je l’aurais cherché. Ah la culture du viol.
Il ne bouge pas une oreille, me sourit simplement. Je suis perturbée. Il ne va ni aux toilettes, ni ne se lave les mains, ni ne sort. C’est qu’il veut autre chose. Je le regarde, toujours un peu apeurée, mais je ne sens aucune velléité de sa part, et je me sauve.
Je retrouve mon mari, et lui raconte. Je sens que l’homme m’a laissé le choix. Il m’a fait comprendre que si je le souhaitais, il pouvait se passer quelque chose, mais que rien n’était obligatoire, qu’il ne bougerait pas oreille tant que je n’aurais pas explicitement dit oui.
La question du consentement était déjà de rigueur à cet endroit et à cette époque. C’est fou comme ce monde sur lequel on a tant de préjugés est en fait bien plus respectueux que le monde « normal » dans lequel les hommes sont si peu civilisés et où la culture du viol prédomine (dans notre pays du moins).
Toute la soirée fut ponctuée de rencontres similaires. Un vrai soulagement, un monde rêvé où il est possible de s’habiller sexy sans se faire harceler ou invectiver. Où l’on se sent désirée sans se sentir en danger. Bref un monde éduqué et civilisé.
Le contraste le plus étonnant était le retour à notre appart hôtel situé à Béziers cet été-là. Nous y séjournions en pleine féria et après notre première sortie au Cap, en revenant en pleine nuit, nous y avions croisé plusieurs personnes très alcoolisées, vomissant sur les ronds-points, dans les rues… Tellement éméchées qu’elles étaient prêtes à en découdre. Bref pas du tout la même ambiance ni le même état d’esprit !
Cette fête et débauche d’alcool était acceptée moralement par la société alors que le libertinage est encore stigmatisé.